Depuis plusieurs années maintenant, le capitalisme, sa consommation débridée et ses belles promesses de croissance infinie, ne me bernent plus. La slow conso est devenue mon fer de lance.
Voter avec son porte-monnaie (ou sa CB)
Il y a bien longtemps que je ne m’intéresse plus à la politique (pour peu que je m’y sois déjà vraiment intéressée un jour…). Pour autant, j’ai le sentiment d’être à présent bien plus active politiquement.
★ La politique bien pensante, qui consiste à suivre les débats entre les élus ou les candidats à la future élection, à lire dans la presse les analyses des stratégies politiques du gouvernement ou à glisser un bulletin dans une urne, n’est à mon sens que de la poudre aux yeux.
A part nous utiliser et nous manipuler, le gouvernement ne nous représente pas, ou tellement mal. Je n’ai franchement pas l’impression que cette brochette d’énarques dessinent le modèle de société auquel j’aspire. Je considère donc l’acte de voter comme un leurre pour nous donner la sensation que nous avons le choix et maîtrisons notre futur. Comme l’exprimait si bien Coluche « si voter changeait quelque chose, il y a longtemps que ça serait interdit« .
Je refuse cependant d’être cette Française désabusée, critiquant la politique tout en se laissant envahir par un sentiment d’impuissance. Car j’ai un pouvoir, comme chaque Français, et j’ai choisi de m’en servir.
C’est ainsi que j’ai décidé de voter avec mon porte-monnaie.
★ Le seul moyen que nous possédons, à titre individuel, pour avoir un impact sur la société, c’est la façon dont nous choisissons de dépenser notre argent.
Nous avons le pouvoir de tirer les ficelles de la loi de l’offre et de la demande. La demande générant l’offre, l’économie de marché repose sur notre comportement d’acheteur et de consommateur.
Dis-moi ce que tu consommes, je te dirai qui tu es
Avant, comme la plupart des gens, j’achetais par habitude ou par coup de coeur. Comme une machine ou un robot bien programmé, je consommais passivement. J’étais une consommatrice tout ce qu’il y a de plus basique. L’idée consumériste préfabriquée cherchant à nous persuader que le bonheur se trouve dans la possession était bien intégrée dans mon esprit.
★ Je faisais les magasins avec l’envie de tout acheter. Je remplissais des placards d’objets et de vêtements dont je me servais une ou deux fois. Je scrutais les tendances, dans les magazines ou sur internet, et je dressais des wishlists. J’examinais ce qu’avaient les autres, mes amis ou ces inconnus dont le feed Instagram était si joli, et je dressais plus de wishlists. Je regardais naïvement les pubs et les laissaient planter en moi une graine. Je passais régulièrement des commandes sur internet. J’allais faire les soldes. J’achetais ce qui me semblait indispensable pour être heureuse et en phase avec la société. J’étais un beau petit mouton docile.
★ Cette personne est tellement éloignée de celle que je suis aujourd’hui que j’ai la sensation de décrire quelqu’un d’autre. Dorénavant, lorsque je consomme, je le fais en conscience. Je suis devenue une CONSOMMACTRICE.
Consommacteur.
Ce mot valise créé à partir des mots consommateur et acteur, définit un consommateur qui n’accepte plus passivement les biens et les services qu’on lui propose. Il s’attarde sur l’histoire des marques et des produits, la façon dont ils sont fabriqués, leur impact. Le consommacteur oeuvre à la construction d’une économie plus éthique, plus juste, plus responsable. Il fait de la consommation un acte politique.
★ Nous pouvons tous devenir un consommacteur et façonner notre société idéale. Pas besoin de pancarte, de descendre dans la rue, de militer, de se coller une étiquette. Simplement en poussant son caddie et choisissant de sortir ou non, son porte-monnaie.
To buy or not to buy? That is the question!
En tant que consommactrice, je n’obéis plus aux diktats de la publicité et du marketing. Au contraire, je suis très critique et n’hésite pas à boycotter tout produit, service ou marque qui abuse ! Pour qu’un produit atterrisse dans mon panier, il doit répondre à mes exigences. Des exigences strictes et réfléchies.
★ J’ai réduit considérablement mes achats, notamment en appliquant cinq règles. J’en suis venue à me fixer un objectif zéro shopping et à envisager un intérieur minimaliste. J’ai également défini mon shoesing minimaliste. Ce sont des étapes, des petits pas, qui ont leur impact sur l’échelle d’une vie.
A chaque envie d’achat, je passe en revue une flopée de critères. Les questions que je me pose avant de sortir ma carte bleue sont les suivantes :
- Utilité : en ai-je vraiment besoin ? Combien de temps vais-je l’utiliser ?
- Occasion/Prêt/Location : puis-je donner une seconde vie à un produit plutôt que l’acheter neuf ? Puis-je emprunter ce produit à un proche ou le louer ?
- Véganisme : est-ce végane et cruelty free (non testé sur les animaux) ? La marque appartient-elle à un groupe qui teste ?
- Ecologie : quel est l’impact de la fabrication de ce produit ? Est-ce bio, est-ce que cela contient du plastique, du pétrole, des pesticides, des composants nocifs pour la santé et l’environnement ? Quel est le bilan carbone : où cela a-t-il été produit ? Les matières premières sont-elles prélevées de manière écologique ?
- Social : dans quel pays a-t-il été produit ? Dans quelles conditions ? Les matières premières sont-elles prélevées de façon éthique ?
- Marque : est-ce que la marque a des valeurs que je partage ? Est-ce un gros groupe ou une petite entreprise, un auto-entrepreneur ? S’agit-il d’une marque française ? Est-elle engagée dans l’éthique animale, l’écologie, l’humanitaire ?
J’ai établi ces règles en fonction de mes valeurs et de mon cheminement, à chaque consommacteur de trouver celles qui lui sont propres.
Et le plaisir dans tout ça ?
Être une consommactrice ne m’empêche pas de faire des achats purement plaisir, motivés par un désir plutôt qu’un réel besoin. Je dirais que j’applique les règles ci-dessus dans 90% des cas.
★ Ce sont mes règles, correspondant à mes aspirations, ma vision, mes critères. Je cherche à être cohérente mais je n’oublie pas que je vis dans un système dont je fais partie. J’ai parfois une envie d’achat pas très éthique à laquelle je succombe. C’est ce qui permet d’être épanoui et de ne pas subir son mode de vie. En s’accordant une exception si elle est vraiment désirée, on évite de nourrir de la frustration.
★ Surtout je reste humaine. La perfection n’existe pas, cela ne discrédite pas pour autant ma démarche ou celle de tout consommacteur. Agir en ayant connaissance du contexte et des conséquences est déjà une grande avancée. La culpabilité n’a pas lieu d’être tant que les choix sont arrêtés avec conscience.
Cette petite révolution individuelle peut sembler insignifiante, or elle concerne des milliers de produits et services que nous consommons quotidiennement pendant toute notre vie. Existe-il une seule journée durant laquelle aucun euro ne sort de notre porte-monnaie ?
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Quelle relation entretenez-vous avec la consommation ? Vous considérez-vous comme un consommacteur ou une consommactrice ?
Je trouve cet article super. Merci !
Merci pour ces pistes de réflexion !
Je suis en plein dans cette démarche aussi, mais je n’ai pas encore « fixé » de règles.
C’est une vaste question, c’est essentiel.
Moi non plus, je ne m’intéresse pas à la politique, et pourtant, je suis persuadée qu’on a un fort pouvoir … Le pouvoir d’achat !
Angélique, c’est vraiment fou que tu écrive ça maintenant! On a justement mis en ligne un site qui montre que le changement est FACILE et POSSIBLE, même quand on est pas riche, meme quand on croit qu’on ne peut pas y arriver :) Alors quelle surprise de lire le titre de ton article dans mon lecteur RSS… et quel plaisir!
Si tu veux jeter un oeil sur le site, ça nous fera plaisir, il y a 500 témoignages de personnes qui changent ou on changé de point de vue (et c’était du boulot de rassembler et mettre en ligne tout ça pour une totue petite équipe bénévole je peux te le dire ;) )
A très bientot :)
https://www.change.org/p/futur-pr%C3%A9sident-de-la-r%C3%A9publique-fran%C3%A7aise-nos-achats-sont-des-votes-unissons-nous-pour-qu-ils-construisent-un-monde-plus-juste
Salut Marine !
C’est de la synchronicité on dirait, on est connectées !!! :) Génial votre projet, je vais aller regarder ça.
Une belle continuation à toi, petit colibri <3
Je me retrouve parfaitement dans cet article ! Avant, je depensais également pour des choses dont je n’avais pas vraiment besoin et qui n’étaient pas très éthique (ni pour les animaux, ni pour les humains). Depuis, je me suis fixé l’objectif de faire un grand « dépouillement » dans ma consommation. J’ai donné les affaires que je n’utilise plus et j’essaye d’en avoir le moins possible, seulement les choses essentielles.
Encore une fois,ton article est vraiment inspirant!J’essaye de mettre en pratique quotidiennement ce mode de consommation,c’est essentiel pour se sentir en accord avec ses valeurs,merci Angélique pour ce partage.