Depuis un moment, j’avais très envie de vous parler de ciné par ici, et puis ma raison me disait à chaque fois que ce n’était pas très à propos de m’embarquer dans un article purement culturel, sans lien avec les thématiques du blog. Je l’aurais rangé où ?
Après réflexion, le cinéma est si important pour moi qu’il a aisément sa place dans la catégorie « inspirations ». Et après tout, c’est chez moi ici, je fais bien ce que je veux, pas vrai ? :)
Je rapproche mon amour du septième art de la réflexion que fait Aymeric Caron dans son livre Antispéciste au sujet de la musique. Bien que surprenante, son analyse du rôle des mélodies se tient : c’est un pilier de la société, elle adoucit les mœurs et fait du bien, elle est libératrice et fédératrice. Elle donne de l’énergie, des ailes, elle fait vibrer. Je pense la même chose du cinéma.
Le cinéma et moi c’est une histoire d’amour je crois. J’aime m’enfermer dans une salle obscure ou m’enfoncer dans mon canapé pour plonger dans des univers et des situations qui m’emmènent loin de mon quotidien. Un jour, j’ai essayé de faire mon Top 10 de mes films préférés de tous les temps, j’ai terminé avec difficulté par un Top 34…
Je rêve d’assister au discours d’ouverture du festival de Cannes et de découvrir des projections au palais des Festivals, en même temps que le gratin hollywoodien. J’imagine l’énergie de dingue que l’on doit ressentir dans cette salle, l’excitation, les frissons… (Si tu veux m’inviter au prochain festival de Cannes et que tu n’es pas L’Oréal, tu sais où m’écrire :-D). Je m’égare…
Mon genre à moi, c’est le drame. Les courses poursuites et l’action m’ennuient, les films d’horreur me traumatisent, les science fiction me déroutent. Ce que j’aime, c’est rencontrer des personnages attachants, troublants, agaçants, et espérer, stresser, angoisser, rire, pleurer à leurs côtés.
Au cinéma je recherche des sentiments et des émotions, alors évidemment mon panel des meilleurs films de cet été n’y déroge pas.
Petite parenthèse, j’ai intitulé l’article « les meilleurs films de l’été 2016 » mais ce n’est pas tout à fait juste, puisque certains sont sortis fin septembre. Vous pouvez donc encore les voir sur grand écran.
La danseuse
Sorti le 28 septembre 2016
De Stéphanie Di Giusto
Avec : Soko, Gaspard Ulliel, Mélanie Thierry, Lily-Rose Depp
Synopsis : Loïe Fuller est née dans le grand ouest américain. Rien ne destine cette fille de ferme à devenir la gloire des cabarets parisiens de la Belle Epoque et encore moins à danser à l’Opéra de Paris. Cachée sous des mètres de soie, les bras prolongés de longues baguettes en bois, Loïe réinvente son corps sur scène et émerveille chaque soir un peu plus. Même si les efforts physiques doivent lui briser le dos, même si la puissance des éclairages doit lui brûler les yeux, elle ne cessera de perfectionner sa danse. Mais sa rencontre avec Isadora Duncan, jeune prodige avide de gloire, va précipiter la chute de cette icône du début du 20ème siècle.
Mon avis : ce film a dépassé mes espérances en tout point. Initialement, j’avais prévu d’aller le voir par curiosité pour découvrir Lily-Rose Depp (la fille de Vanessa Paradis et Johnny Depp). Puis j’ai vu une interview de Lily-Rose et Soko chez Drucker et mon intérêt pour l’histoire de Loïe Fuller a explosé !
Je connaissais déjà Soko en tant que je chanteuse avec son I’ll kill her (que j’ai bien dû écouter 300.000 fois) mais pas du tout en tant qu’actrice. Bon sang ce qu’elle envoie ! Je suis restée scotchée à mon fauteuil tant elle incarne à la perfection cette danseuse avant-gardiste, sa passion, sa détermination, sa douleur, son travail, son talent. Son art m’a touchée, ou devrais-je dire « leur » art, celui de Soko, sa performance si juste d’actrice et celui de Loïe avec ses danses hypnotisantes.
Lily est parfaite dans son rôle de nymphette effrontée. Gracieuse, sensuelle, provocante, ses apparitions sont des petits bonbons. On regrette de ne pas la voir davantage à l’écran. Une belle révélation.
Mélanie Thierry est quant à elle très touchante dans son dévouement pour Loïe.
Un épatant trio de femmes au milieu duquel le beau Gaspard Ulliel arrive tout de même à percer. Il est tout simplement excellent dans le rôle de l’aristocrate en banqueroute.
Enfin, je me suis complètement laissée transporter dans le Paris de la fin 19ème. Les costumes, les décors… Ce film est un vrai coup de coeur.
Ma note : ♥♥♥♥♥
Juste la fin du monde
Sorti le 21 septembre 2016
De Xavier Dolan
Avec : Gaspard Ulliel, Nathalie Baye, Léa Seydoux, Marion Cotillard, Vincent Cassel
Synopsis : Après douze ans d’absence, un écrivain retourne dans son village natal pour annoncer à sa famille sa mort prochaine.
Ce sont les retrouvailles avec le cercle familial où l’on se dit l’amour que l’on se porte à travers les éternelles querelles, et où l’on dit malgré nous les rancoeurs qui parlent au nom du doute et de la solitude.
Mon avis : J’avais adoré le précédent film de Xavier Dolan, Mommy (si vous ne l’avez pas vu, mettez-le sur votre must-see list immédiatement !). J’attendais donc beaucoup de Juste la fin du monde, surtout à la vue du prestigieux casting. Dolan a le don pour retranscrire une atmosphère, une émotion. Ici le mal-être et la gêne des différents protagonistes sont palpables. Tant, que ça en devient presque intrusif. On a la sensation de regarder par le trou de la serrure et de surprendre des conflits de famille qui ne nous concernent pas. Toutes ces failles, ces blessures, ces manques… Dur.
Le film se déroule principalement en huit-clos, avec des scènes de dialogues très longues, qui pourraient facilement être adaptées au théâtre. Tout repose sur le jeu d’acteur, les regards, les silences. Si Ulliel est assez transparent, Cotillard fausse parfois, Cassel est très bon en grand frère odieux rabat-joie. Seydoux n’est pas mal dans le rôle de la post ado rebelle, surtout lorsqu’elle nous sort tout ce qu’elle a dans les tripes lors de la dernière scène. Mais celle qui m’a bluffée et qui porte le film selon moi c’est Nathalie Baye, plus vraie que nature en mère de famille déjantée mais lucide dans le fond.
C’est un film éprouvant moralement, pour le sujet mais aussi les tensions entre les personnages. Quel déchirement d’assister à la confrontation des membres de cette famille qui ne s’écoutent pas, qui n’arrivent pas à communiquer, à s’aimer.
A voir (en ayant le moral).
Ma note : ♥♥♥♡♡
Eternité
Sorti le 7 septembre 2016
De Tran Anh Hung
Avec : Audrey Tautou, Bérénice Bejo, Mélanie Laurent
Synopsis : Quand Valentine se marie à 20 ans avec Jules, nous sommes à la fin du 19e siècle. À la fin du siècle suivant, une jeune Parisienne, l’arrière-petite-fille de Valentine, court sur un pont et termine sa course dans les bras de l’homme qu’elle aime. Entre ces deux moments, des hommes et des femmes se rencontrent, s’aiment, s’étreignent durant un siècle, accomplissant ainsi les destinées amoureuses et établissant une généalogie… Une éternité…
Mon avis : Là encore, un superbe casting (oui je vais souvent voir des films pour les acteurs sans même rien savoir du film… quand j’aime, je suis fidèle et passionnée !). Ce film est un peu un OVNI dans son genre. C’est la première fois que je voyais un long-métrage filmé de cette façon : les personnages parlent très peu, les événements sont rapportés par un narrateur omniscient. Si je ne devais choisir qu’un mot pour décrire ce film, ce serait esthétique. Pour la lumière tout d’abord qui souligne les expressions de visage incarnant la multitude de joies et de malheurs qui nous sont contés, puis pour les lieux, les décors, les costumes, et enfin pour cette époque, pas si lointaine, durant laquelle les femmes n’existaient que par leur famille et la maternité. L’atmosphère générale est très poétique.
Pour être honnête, je m’attendais à palpiter davantage, à être plus profondément émue par les drames qui se succèdent. Mais c’est là que le bât blesse, il se passe trop de choses, les destins qui s’entremêlent font défiler tellement de personnages qu’on n’a pas le temps de s’attacher à eux et c’est dommage.
J’ai trouvé Mélanie Laurent un cran au-dessus de tout le reste du casting : comme chaque fois qu’elle donne tout, ça se voit, elle irradie.
Un film qui mérite d’être vu pour son esthétisme et ses portraits de femmes.
Ma note : ♥♥♥♡♡
Nerve
Sorti le 24 août 2016
De Ariel Schulman, Henry Joost
Avec : Emma Roberts, Dave Franco, Emily Meade
Synopsis : En participant à Nerve, un jeu qui diffuse en direct sur Internet des défis filmés, Vee et Ian décident de s’associer pour relever des challenges de plus en plus risqués et gagner toujours plus d’argent.
Mais bientôt les deux « Joueurs » s’aperçoivent que leurs moindres mouvements sont manipulés par une communauté anonyme de « Voyeurs ». Le jeu vire au cauchemar. Impossible d’arrêter…
Mon avis : En choisissant d’aller voir Nerve, je pensais simplement me changer les idées avec un film pour ado, ni plus ni moins. Et hop, je me suis prise une claque avec un scénario hyper bien pensé, des acteurs plutôt bons, une histoire bien rythmée et avec un vrai fond puisque Nerve pointe du doigt les limites de notre société hyperconnectée et les dangers qui nous guettent. Ca fait réfléchir.
Le duo de personnages principaux fonctionne bien. Contre toute attente j’ai adoré l’univers « néon » futuriste. Je me suis laissée prendre au jeu et j’ai passé un très bon moment.
En deux mots : j’ai été agréablement surprise par ce film qui n’a de teen-movie que la fin bâclée et convenue… qui m’a laissée sur ma fin.
Ma note : ♥♥♥♥♡
L’économie du couple
Sorti le 10 août 2016
De Joachim Lafosse
Avec : Bérénice Bejo, Cédric Kahn
Synopsis : Après 15 ans de vie commune, Marie et Boris se séparent. Or, c’est elle qui a acheté la maison dans laquelle ils vivent avec leurs deux enfants, mais c’est lui qui l’a entièrement rénovée. A présent, ils sont obligés d’y cohabiter, Boris n’ayant pas les moyens de se reloger. A l’heure des comptes, aucun des deux ne veut lâcher sur ce qu’il juge avoir apporté.
Mon avis : Lorsqu’un couple usé se sépare, que reste-t-il après tant d’années à s’apprivoiser, à construire, à s’aimer…? Des illusions à ramasser à la petite cuillère mais aussi, très vite, des considération matérialistes très terre-à-terre. L’épreuve des biens à partager, des comptes à faire et des règlements de comptes… l’affrontement et les techniques de l’un et de l’autre qui cherche chacun à avoir le dernier mot et à panser l’ego.
Un film réaliste bien réalisé. Bérénice Béjo et Cédric Kahn sont tous les deux crédibles dans ces « désamoureux » en cohabitation. Elle avec son impassibilité et sa froideur, lui avec sa nonchalance, son embarras, sa présence indésirable…
Ma note : ♥♥♥♡♡
La couleur de la victoire
Sorti le 27 juillet 2016
De Stephen Hopkins
Avec : Stephan James, Jason Sudeikis, Eli Goree
Synopsis : Dans les années 30, Jesse Owens, jeune afro-américain issu du milieu populaire, se prépare à concourir aux Jeux d’été de 1936 à Berlin. Cependant, alors qu’Owens lutte dans sa vie personnelle contre le racisme ambiant, les Etats-Unis ne sont pas encore certains de participer à ces Jeux, organisés en Allemagne nazie. Le débat est vif entre le président du Comité Olympique Jeremiah Mahoney et le grand industriel Avery Brundage. Pourtant, la détermination de Jesse à se lancer dans la compétition est intacte…
Mon avis : Ce biopic retrace la destinée d’un homme hors du commun dans une des périodes les plus noires que notre monde ait connu. J’ai vibré comme rarement dans une salle obscure, et ce pendant 1h58, c’est-à-dire toute la durée du film. Parce que les acteurs, la mise en scène, l’ambiance du film étaient parfaits. Parce que l’esprit sportif, la fraternité et le courage surpassent la politique, le racisme et la haine. Parce que l’histoire d’Owens est la preuve quand dans un monde malade et pervers les plus belles histoires peuvent tout de même voir le jour.
Ce soir-là au cinéma, j’ai été transportée par des performances sportives, alors que j’y suis toujours insensible. Ca m’a même donné envie de regarder les JO de Rio…
Cerise sur le gâteau, j’ai pu le voir en VO, ce qui est rarissime dans ma province. Je ne peux que vous conseiller de le voir dans sa version originale plutôt qu’en VF.
Ma note : ♥♥♥♥♡
Viva
Sorti le 6 juillet 2016
De Paddy Breathnach
Avec : Jorge Perugorria, Luis Alberto Garcia, Héctor Medina Valdés
Synopsis : A Cuba, un jeune homme qui coiffe les perruques d’artistes travestis, rêve de chanter dans leur cabaret. Mais son père, qui sort de prison, a d’autres rêves pour lui…
Mon avis : Wahou ! Encore un film que je suis allée voir sans en savoir grand chose et dont je suis ressortie avec le souffle coupé. Viva nous plonge dans l’ambiance de La Havane et peint le quotidien d’un jeune cubain, Jesus, qui galère pour avoir de quoi manger. Entre prostitution et transformisme, c’est un récit poignant qui est offert au spectateur, de la relation conflictuelle entre le père et le fils, à la pauvreté de la Havane, aux prestations incroyables de Héctor Medina lorsqu’il interprète Jesus sur scène… Son charisme hors norme associé aux vieilles chansons de diva provoque son lot de frissons, l’émotion est à son paroxysme. Rien que d’y repenser, j’ai les larmes aux yeux. A noter la grande sensibilité qui transpire de ce film pourtant masculin, sans pour autant tomber dans le cliché ou le pathétisme.
Des thèmes tabous brillamment abordés, que de modernité ! Je dis « chapeau » !
Ma note : ♥♥♥♥♥
Pour le dernier je triche un peu… Parce que je l’ai vu cet été mais il n’est pas sorti en France. Un vrai coup de coeur dont j’ai déjà parlé aux abonnés de ma newsletter de la Bonne Humeur.
Into the Forest
Non sorti en France
De Patricia Rozema
Avec : Ellen Page, Evan Rachel Wood, Max Minghella
Synopsis : Situé dans un proche avenir, ce film aux allures de drame apocalyptique deux sœurs, Nell (Ellen Page) et Eva (Evan Rachel Wood) qui vivent dans le nord-ouest du Pacifique avec leur père bienveillant, Robert. Nell se concentre sur ses études et Eva suit une formation pour devenir danseuse, mais leur vie paisible est perturbée le jour où surgit une panne d’électricité à l’échelle du pays. Bien que la famille reste dans un premier temps soudée pour faire face à cette situation difficile, au fur-et-à-mesure que le temps passe, les épreuves deviennent plus éprouvantes. Les deux sœurs se retrouvent très vite livrées à elles-mêmes et doivent se soutenir afin de survivre dans leur nouveau monde de plus en plus dangereux.
Mon avis : C’est la petite pépite que j’ai découverte pendant les vacances en flânant sur un site de download (ouhhh pas bien !). Je cherchais des films en VOST et celui-ci a attiré mon attention, simplement avec le titre et l’affiche. J’ai téléchargé INTO THE FOREST sans approfondir, sans passer par la case « bande-annonce » pour valider mon choix. Avec l’intuition pour seul guide, on a parfois de belles surprises…
Dès les premières minutes, j’ai été happée par l’ambiance, les personnages, l’intrigue. Le film a pour toile de fond l’effondrement de notre société et donne matière à réfléchir sur notre dépendance à la technologie. Quand le confort s’écroule, la vie devient de la survie.
C’est la survie de deux soeurs, isolées dans leur maison familiale dans la forêt, qui est au coeur du synopsis. Leur quotidien devient un enfer : plus d’électricité, plus de moyen de communication, plus d’essence, plus de nourriture… et sera ponctué d’événements traumatisants qu’elles devront surmonter ensemble, grâce à leur courage et leur soif de vivre malgré tout.
J’ai été tenue en haleine du début à la fin et cette fin qui me parle tellement… Je ne vous en dis pas plus, si le sujet vous plait n’hésitez pas une seconde : foncez le regarder !
J’étais très surprise d’être passée à côté de ce superbe film canadien ayant pour tête d’affiche Ellen Page et Evan Rachel Wood mais la raison est simple, il n’est pas sorti en France. On le trouve donc uniquement en version originale (anglais) sous-titrée en français mais ce n’est pas un frein à la compréhension car le film ne repose pas sur les dialogues.
Attention, l’atmosphère est anxiogène et trois scènes du film peuvent heurter les personnes sensibles.
Ma note : ♥♥♥♥♥
Des films coups de coeur à me conseiller de votre côté ?
Bon ben merci j’ai plus qu’à m’acheter 10 billets de ciné ! Ahah, ton top 10 donne très envie de voir tous ces films, ainsi que Mommy !
En ce qui concerne ce type de billet, je ne suis pas trop du genre à lire les billets cinéma, mais étant donné que je me reconnais beaucoup dans tes billets que j’apprécie par ailleurs, je suis contente de connaître les films que tu as apprécié !