Depuis que j’ai arrêté de manger des animaux, j’essuie souvent des remarques de la part d’adultes mais également d’enfants. Mes petites nièces de sept, six et quatre ans sont les principales à m’interroger : « Tata pourquoi tu manges pas de viande ? » ou « Tata tiens une crevette pour toi. T’en veux pas ? C’est bon il faut goûter, tiens goûte ».
Comment leur expliquer mes raisons avec des mots simples et modérés ? Raisons qui sont à l’opposé de ce que leur inculquent leurs parents depuis qu’elles sont nées. Comment susciter leur compassion ? Comment les faire réfléchir sur les différences de statuts des animaux selon qu’ils sont d’élevage, de compagnie, de divertissement ?
En début d’année dernière j’ai découvert les livres pour enfants de Ruby Roth : Ne nous mangez pas ! et Vegan is love
. Ces deux albums superbement illustrés présentent les raisons d’être du véganisme en expliquant la façon dont sont exploitées les différentes typologies d’animaux. Ils dressent un constat objectif qui n’est évidemment pas rose mais l’approche reste douce, les mots sont bien choisis et la fin est heureuse puisqu’elle propose une solution : le véganisme.
Ce sont d’excellents supports pour ouvrir la discussion avec les enfants, répondre à leurs questions, échanger avec eux.
✿ Ne nous mangez pas ! Vivre en respectant les animaux
Dans Ne nous mangez pas, Ruby Roth a choisi de présenter les familles d’animaux dans leur environnement naturel, puis de mettre en parallèle les conditions de vie que leur imposent les humains. Les poules, les cochons, les vaches, les poissons, les animaux exotiques, tous ont des besoins qui leur sont propres pour être heureux et épanouis.
Elle présente ensuite le rôle de l’humain, sa responsabilité et les choix qui s’offre à lui pour éviter de contribuer à cette souffrance. Elle relie le véganisme à l’écologie, à la protection des écosystèmes. Elle replace l’humain au centre de la nature, expliquant qu’il s’inscrit dans un tout et que ses décisions impactent la planète et tous les êtres qui y vivent.
En ouverture elle propose des pistes d’action pour inciter les enfants à agir à leur échelle, comme par exemple chercher des recettes végétaliennes, faire un exposé à l’école sur le végétarisme et le végétalisme…
Ne nous mangez pas ! Vivre en respectant les animaux
de Ruby Roth, L’Âge d’Homme, 48 p., 17 €
Si vous le pouvez, achetez vos livres chez un libraire indépendant afin de soutenir le travail des librairies de quartier plutôt qu’enrichir les gros groupes.
✿ Vegan is love, Avoir du coeur et agir
Dans cet ouvrage, Ruby Roth a choisi de dépeindre les pratiques de l’exploitation animale sous toutes ses formes : l’élevage industriel, la vivisection, la chasse, la corrida, les delphinariums et les aquariums, la production de laine, de cuir et de fourrure… D’un côté elle décrit les pratiques spécistes, de l’autre elle montre la façon dont les véganes ont choisi d’agir.
Ce livre est très complet car l’auteure y prône l’amour, la santé, l’écologie mais aussi l’empathie, le partage et la solidarité envers tous les humains. Le message est très beau et fort, intelligemment et subtilement délivré pour un public d’enfants.
Comme pour le premier livre elle conclut par une page de propositions d’actions à portée des enfants.
Ne nous mangez pas ! Vivre en respectant les animaux
, de Ruby Roth, L’Âge d’Homme, 48 p., 16 €
Si vous le pouvez, achetez vos livres chez un libraire indépendant afin de soutenir le travail des librairies de quartier plutôt qu’enrichir les gros groupes.
✿ Sensibiliser les enfants
Les enfants sont l’avenir, il me semble important de les sensibiliser et de leur expliquer dès leur plus jeune âge le rôle que chaque humain joue, que ses choix et sa façon de consommer ont des conséquences.
S’il est difficile pour un adulte de remettre en question ses convictions et ses habitudes, un enfant n’est pas encore trop formaté par la société, les médias, l’entourage, il est donc beaucoup plus facile pour lui de se projeter et de faire des choix objectifs.
✿ Du prosélytisme ?
Aux personnes qui trouveraient prosélyte la démarche d’inculquer aux enfants les valeurs du véganisme, je ferais remarquer que c’est plutôt la société actuelle qui pousse les enfants à entrer dans un moule sans leur laisser le choix. Certains adultes utilisent même la culpabilité en accablant les enfants avec des poncifs poussiéreux erronés « mange ta viande sinon tu vas être malade, tu ne vas pas grandir« .
Le véganisme prône l’amour, la compassion et la vérité, comment peut-on critiquer ce genre d’éveil ?
Je trouve important de ne pas mentir aux enfants sur la réalité de la condition animale, ils ont le droit de savoir et d’y réfléchir. En choisissant les mots justes et des supports adaptés comme les livres de Ruby Roth, on peut les sensibiliser sans les brusquer ni ternir leur enfance. Ils ont d’ailleurs naturellement une tendance à aimer les animaux et à vouloir les protéger. Combien d’enfants préféreraient se passer de viande ?
✿ Le véganisme : un traumatisme pour les enfants ?
Je me souviens quand j’étais petite on me parlait des enfants du Tiers Monde qui n’avaient pas à manger, ce sujet était souvent évoqué par mon entourage, les médias et l’école. Avec ma classe j’avais même participé à une collecte de riz pour les Somaliens. On ne cachait pas les photos d’enfants rachitiques dont la maigreur associée à leur gros ventre témoignait de leur malnutrition. Bien que très jeune à l’époque, je n’ai pas été traumatisée, mais j’ai été sensibilisée sans aucun doute. Pourquoi cacher la souffrance des animaux non humains alors que l’on révèle celle des humains ?
✿ Elever son enfant : faut-il lui imposer le véganisme ?
En réponse à cette question je vous encourage à visionner la vidéo de Maman Végane qui a traité ce sujet de manière tellement bien argumentée que je n’ai rien à ajouter :
Ces livres vous intéressent ? Epinglez l’article sur Pinterest.
Que pensez-vous de ces livres ?
Parlez-vous du véganisme ou du végéta*isme avec les enfants ?
Comment vous y prenez-vous ?
Je regarderai la vidéo tout à l’heure, je ne peux pas le faire ici. Ces livres devaient être dans toutes la bibliothèques afin de sensibiliser les enfants.
Personnellement, j’ai plus ou moins imposé le veganisme à mes filles. Je m’explique : chez moi, on est vegan. Mes filles connaissent parfaitement la cuisine, savent que je n’achèterai pas de viande, de fromage, de cuir, de laine et pourquoi.
Par contre, à l’extérieur, je les ai laissées libres de faire comme elles voulaient, parce que je ne veux pas qu’elles subissent le veganisme contraintes et forcées, je veux qu’elles le choisissent et qu’elles en soient fières ! Ma plus jeune, 13 ans, est devenue végétarienne tendance vegan et lutte pour se faire accepter que ce soit au collège (à la cantine, ça va, ils savent qu’elle ne mange pas d’animaux et lui servent plus de garniture) ou chez mon ex-belle famille. Ma plus grande, 15 ans, est omnivore à l’extérieur, mais souvent, elle évite la viande et me demande de faire des « gâteaux vegan super bons » pour l’anniversaire de ses copines. L’adolescence est une époque difficile, difficile de se faire accepter par ses copines quand on est différent, mais je suis fière d’elles, elles font de leur mieux et je ne désespère pas qu’elles se laissent tenter par les cookies vegans du bon côté de la Force ;)
Je suis autrice d’un petit livre pour enfants sur le véganisme « Ninon ne mange pas ses amis » sorti début 2019 et soutenu par BB, j’aurais bien aimé entrer en contact avec vous, si cela vous était possible via FB ou pascalevegane@gmail.com
Super article. Très bien ecrit encore une fois. Parfait. J’ai cependant « peur » qu’il choque mon fils. (Bon en en rivant cela je trouve ça bizarre ..!) est-ce parce que je sais ce qui se passe donc j’ai peur que ça le choque ? (Tres bon sujet à épiloguer je pense haha).
Plus sérieusement, les images sont douces, non agressives …?
Merci beaucoup :)
Vraiment bel article! Je l‘ai même référé dans mon blog, dans un article de ressources utiles en français sur le veganisme. J‘habite au Québec alors beaucoup de personnes ne comprennent pas bien l‘anglais (langue avec laquelle j‘ecris et je parle habituellement, étant anglaise). Merci pour l‘inspiration!
Bonjour Lua !
Merci pour votre commentaire et ce retour sur mon article. Je suis ravie s’il a pu vous être utile.
A bientôt !
Angélique